La ville de Leipzig approuve un lion maigre et squelettique comme blason – pour 700 000 euros.
Il est nerveux, ses griffes sont usées, mais son arrière-train est plus galbé que celui de son prédécesseur : le lion des armoiries de Leipzig s’est réinventé. Ou plutôt, a été réinventé. L’agence berlinoise Edenspiekermann GmbH lui a offert un relooking pour sa présence en ligne. Les habitants de cette belle ville universitaire vont devoir s’y faire, mais grâce aux réseaux sociaux, tout le monde a son mot à dire.
« Peugeot a-t-il sponsorisé ça ? » s’interroge un utilisateur sur X. Un autre déplore sur Facebook : « Les armoiries de Leipzig ne méritent pas ça. » On retrouve le même sentiment sur Instagram : « C’est embarrassant, c’était mieux avant », écrit un utilisateur déçu. Quoi qu’il en soit, le nouveau lion est là pour rester. Après tout, sa transformation en un design « plus fin, graphique et épuré » a coûté cher : 300 000 € de plus que les 400 000 € prévus. La raison invoquée : la programmation des nouveaux sites web a finalement dû être prise en compte. Et ce, dans une ville qui a récemment imposé un gel budgétaire.
En ces temps difficiles, de telles sommes paraissent indécentes pour un simple mannequin ; même à Leipzig, où chômage et inflation sévissent, la ville doit elle aussi composer avec des restrictions budgétaires de plus en plus strictes. Le maire, pourtant, se réjouit, présentant le nouveau lion comme une « nouvelle architecture de marque en matière de design d'entreprise ». On peut se demander comment l'ancienne dynastie des Wettin aurait réagi. Cette famille noble saxonne a jadis doté notre ville héroïque de son animal héraldique. Il était censé incarner le courage, la fierté et la puissance. Mais, aussi décharné soit-il aujourd'hui, le lion rayonne avant tout de faim, de privation et de dénuement.
Berliner-zeitung
