IMAP : La nouvelle mission de la NASA étudiera comment l'héliosphère nous protège du rayonnement cosmique et cherchera à mieux anticiper les tempêtes solaires.

Tous les regards sont tournés vers la prochaine mission révolutionnaire de la NASA, dont le lancement est prévu le 24 septembre depuis le Centre spatial Kennedy en Floride. La sonde de cartographie et d'accélération interstellaires ( IMAP ) est un explorateur cosmique chargé de construire des cartes détaillées de l'héliosphère, ce bouclier invisible généré par le Soleil qui protège le système solaire des rayonnements interstellaires .
IMAP permettra non seulement d'identifier la limite entre cette bulle protectrice et le début de l'espace interstellaire, mais aussi de suivre la trajectoire des particules chargées émises par le Soleil jusqu'à leur franchissement. Dotée de dix instruments de pointe, la mission promet d'offrir aux scientifiques un niveau de détail sans précédent.
La valeur pratique de cette recherche va bien au-delà de l’astronomie pure : les données envoyées en temps réel aideront à protéger les astronautes et les engins spatiaux du rayonnement solaire et fourniront aux opérateurs d’infrastructures sur Terre des alertes précoces sur les tempêtes solaires qui pourraient affecter les réseaux électriques, les satellites de communication et les systèmes de navigation.
Mais IMAP ne voyagera pas seul. Il sera accompagné lors de ce lancement par deux missions supplémentaires : l'observatoire Carruthers Geocorona , qui poursuivra les travaux commencés il y a plus de 50 ans avec Apollo 16, et le satellite SWFO-L1 de la NOAA , conçu pour surveiller le vent solaire et prédire les tempêtes avec la précision exigée par une civilisation dépendante de la technologie.
À la veille de ce lancement historique, EL TIEMPO s'est entretenu avec Iker Liceaga Indart , ingénieur en mécanique au laboratoire d'héliophysique du Goddard Space Flight Center de la NASA, qui a participé à la conception et à l'assemblage des instruments clés de la mission.

Vue d'artiste de l'IMAP de la NASA. Photo : NASA/Princeton/Patrick McPike
IMAP est un satellite que nous lancerons demain dans l'espace à bord d'une fusée depuis Cap Canaveral. Cette mission, menée par la NASA et d'autres institutions, vise à créer une carte détaillée de l'héliosphère, une sorte de bulle protectrice créée par le Soleil grâce au flux constant de particules chargées qu'il expulse dans l'espace. Cette bulle nous protège des radiations et des particules de haute énergie provenant d'autres galaxies. Il ne faut pas imaginer l'héliosphère comme une limite rigide ou une feuille, mais plutôt comme une région dynamique où la matière solaire interagit avec la matière interstellaire. Grâce à IMAP, nous disposerons pour la première fois d'un portrait complet de cette région.
Qu’est-ce que la météo spatiale et pourquoi est-il crucial de l’étudier ? Le Soleil émet en permanence des radiations et des particules chargées. Celles-ci peuvent endommager les satellites en orbite, voire les infrastructures terrestres, comme les réseaux électriques. Comprendre et prédire ces phénomènes est crucial : anticiper une tempête solaire nous permettra d'arrêter les systèmes sensibles à temps, de protéger les engins spatiaux et d'assurer la sécurité des astronautes lors de futures missions dans l'espace lointain.

Des ouvriers transportent le vaisseau spatial IMAP. Photo : NASA/Kim Shiflett
En résumé, cela nous permettra de prévoir ces tempêtes suffisamment à l'avance pour que les astronautes puissent s'en protéger, à bord de leurs vaisseaux et sur la Lune, voire sur Mars et ailleurs. Des simulations sur ce sujet sont également menées par la NASA et la NOAA, l'institution qui fournit également l'un des satellites qui seront lancés demain. Les données IMAP permettront d'obtenir des prévisions plus fiables et plus détaillées, permettant ainsi de planifier les trajectoires, de concevoir les abris anti-radiation des vaisseaux spatiaux et de prendre des décisions cruciales pour la sécurité des astronautes.
Dans quelle mesure le danger d’une seule tempête catastrophique est-il réel ? Ce type d'événement catastrophique est extrêmement rare. Malgré cela, il existe une faible probabilité qu'il se produise, c'est pourquoi nous nous efforçons d'obtenir de meilleures données pour de meilleures prévisions grâce à des missions comme celle-ci.
Cette version comprend également deux missions supplémentaires. Que pouvez-vous nous en dire ? IMAP est la mission principale, mais elle sera accompagnée de deux satellites plus petits. Le premier est l'observatoire de géocouronne Carruthers, du nom de George Carruthers, scientifique qui, lors des missions Apollo de la NASA, a conçu l'instrument utilisé pour la première fois pour observer la couche externe de notre atmosphère, la géocouronne. Cette couche interagit fortement avec le rayonnement solaire, contribuant ainsi à notre protection. Ce satellite vise à améliorer les mesures effectuées lors des missions Apollo afin de mieux comprendre la nature de la géocouronne et son interaction avec le rayonnement solaire.
D'autre part, la mission SWFO-L1 de la NOAA sera entièrement dédiée à l'observation de la météo spatiale en temps réel. Son principal avantage est qu'elle permettra de prédire les tempêtes solaires avec une précision et une rapidité inégalées.
Pourquoi dit-on que Carruthers est l’héritier d’Apollo 16 ? Apollo 16 a été la première mission à détecter la géocouronne, mais dans des conditions très limitées. Nous allons maintenant poursuivre cet héritage, avec une vision globale et des outils beaucoup plus sensibles. D'une certaine manière, cela clôt un cycle commencé il y a un demi-siècle et en ouvre un autre qui nous permettra de mieux comprendre comment l'atmosphère terrestre interagit avec l'activité solaire.

Iker Liceaga IndartPhoto : Iban Ibañez Domenech
En tant qu'ingénieur mécanique, j'ai participé à la conception des pièces de l'un des instruments, veillant à ce qu'elles s'assemblent parfaitement, presque comme un puzzle tridimensionnel géant. Ensuite, avec mon équipe, nous avons construit et assemblé ces composants sur le satellite. Pour moi, voir cette mission décoller sera comme voir prendre vie un projet sur lequel je travaille depuis des années. C'est un mélange de fierté et d'enthousiasme, car nous savons que les données que nous recevrons transformeront notre compréhension de l'environnement qui nous protège dans l'espace.
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